Eugénie, doyenne de l’humanité
Aujourd’hui synonyme de plaisirs luxueux, aux rues accueillant plus de joailliers que d’épiciers, l’île antillaise de Saint-Barthélémy fut naguère une île de grande misère, car aride et isolée. C’est là qu’est née, le 16 février 1896, Eugénie Blanchard. Cette religieuse retraitée est devenue la doyenne de l’humanité hier après le décès de la Japonaise Kama Chinen, selon le Groupe de recherche en gérontologie, faisant autorité sur la longévité des centenaires.
Depuis plus d’un quart de siècle, celle que ses proches surnomment «Douchy» (sucrerie) réside dans un hôpital de Gustavia, petit port et unique commune de Saint-Barth’. Elle y est revenue après une vie dans un couvent de Curaçao. Eugénie quitta en effet à 26 ans sa terre natale pour un couvent dans l’ancienne colonie hollandaise.
Sixième d’une famille de 13 enfants, elle en est la « seule survivante», confiait en mai 2008 un de ses neveux, Daniel Blanchard, 64 ans, ancien maire et conseiller général de Saint-Barthélemy.
En chaise roulante
Il explique que Douchy est « un mot papiamento, le créole des îles hollandaises, qui désigne les bonbons et douceurs sucrées : quand elle est rentrée à Saint-Barth la retraite venue, elle proposait des bonbons aux enfants en leur disant «douchy, douchy». Le nom lui est resté». « Elle avait accepté de donner sa virginité au bon dieu», plaisante-t-il pour expliquer cette longévité extraordinaire.
Le père de Daniel Blanchard, frère d’Eugénie, est mort à 93 ans.
A son retour, «Douchy» a vécu chez elle, dans une des petites maisons typiques de Saint-Barth’, colonie d’abord française puis suédoise jusqu’à sa rétrocession à la France en 1877. Elle est aujourd’hui collectivité d’outre-mer après un «divorce» à l’amiable d’avec la Guadeloupe à laquelle elle était rattachée jusqu’en 2007.
La doyenne, clouée dans une chaise roulante, ne reconnaît plus ses proches mais « apprécie toujours sa coupe de champagne, au moins à chacun de ses anniversaires», précise encore son neveu.
L’actuel doyen des hommes français est également un Antillais. Il s’agit du Guadeloupéen Philibert Parnasse, âgé de 109 ans, devenu doyen après le décès le 31 décembre dernier de Félix Maximilien Rostaing dans les Landes.
Jusqu’à présent la Française Jeanne Calment, décédée en 1997 à l’âge de 122 ans, 5 mois et 14 jours, est considérée comme la personne ayant vécu le plus longtemps et dont la naissance a pu être établie de manière certaine.