Comment Airbus profite de la reprise du trafic aérien ?
Avec un nombre record de passagers attendu l'an prochain et dans les années qui viennent, les compagnies aériennes et loueurs d'avions n'hésitent plus à passer d'importantes commandes. Les carnets des principaux avionneurs se remplissent, et celui d'Airbus un peu plus que les autres.
Pour Airbus, ce n'est pas une simple éclaircie mais un ciel durablement dégagé qui se dessine à l'horizon. Pour répondre aux près de huit milliards de personnes qui prendront l'avion en 2040, les compagnies aériennes n'hésitent plus en effet à sortir leurs carnets de chèques pour passer commande. Dans vingt ans, la flotte mondiale d'avions de plus de cent places aura doublé. Elle comptera 46 000 appareils en service, et plus de 40 000 seront des avions neufs. Airbus qui s'approprie aujourd'hui environ la moitié du marché a donc toutes les raisons d'avoir retrouvé le sourire. Les fortes turbulences traversées ces trois dernières années sont derrière. L'avionneur européen va même pulvériser son record de commandes qui s'était établi en 2013 à 1 503 appareils.
2023, année record en vue
Sur les onze premiers mois de l'année en cours, Airbus a enregistré 1 395 commandes nettes d'avions. Si l'on rajoute les contrats signés en décembre, soit six A350F pour le groupe Cathay, 100 A321neo pour le loueur Avolon, 220 A321 et A350 pour Turkish Airlines, 40 A220 pour le groupe Lufthansa et 122 avions de la famille A320neo pour easyJet, le constructeur cumule, à ce jour, 1 883 commandes nettes depuis le début de l'année. Du jamais-vu dans l'histoire de l'aviation.
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On est bien loin des 268 avions commandés en 2020, des 507 en 2021 et des 820 l'an dernier. "La demande est tirée par la croissance et l’accélération du remplacement des flottes, les compagnies aériennes investissent dans des flottes plus économes en carburant" résumait début novembre Guillaume Faury, le patron d'Airbus, lors de la présentation des résultats trimestriels du groupe. 2023, sera donc sans aucun doute une année exceptionnelle, et selon toute vraisemblance de nombreuses autres devraient suivre.
Tenir la cadence
Avoir un carnet de commandes équivalant à dix années de production, beaucoup d'entreprises en rêvent, à condition d'être capable d'honorer ses clients en temps et en heure, sous peine d'engranger des annulations en cascade. Et c'est bien là tout le problème pour Airbus depuis déjà plusieurs mois. "L'environnement opérationnel reste complexe, explique Guillaume Faury. Nous nous attendons à ce que la chaîne d'approvisionnement reste difficile pendant un certain temps, alors que nos besoins en matériaux et composants continuent d'augmenter." L'avionneur travaille donc en étroite collaboration avec ses fournisseurs dits "critiques", comme les motoristes, pour être livré dans les temps. Mais ça coince malgré tout. Pour preuve, son objectif de livraisons fixé cette année à 720 avions semble difficilement atteignable. Pour le tenir, il faudrait qu'il réussisse à sortir de ses chaînes d'assemblage une petite centaine d'appareils en décembre, alors qu'il en a livré en moyenne 57 par mois depuis le début de l'année.
Et pour compliquer ses affaires, Airbus ambitionne d'augmenter drastiquement ses cadences de production. Il entend passer d'une soixante de livraisons par mois aujourd'hui, à plus d'une centaine en 2026. Le rythme va particulièrement s'accélérer pour son best-seller, la famille A320neo. Sa production passera en effet de 45 à 75 exemplaires par mois. Airbus s'appuiera pour cela sur quatorze chaînes d'assemblage réparties en France, en Allemagne, en Chine, aux Etats-Unis et au Canada.
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La reprise du trafic aérien est de très bon augure pour le constructeur aéronautique. L'an dernier, le groupe avait enregistré le bénéfice net le plus important de son histoire, 4,2 milliards d’euros. Avec aujourd'hui quasiment tous les voyants au vert, tout laisse penser qu'il pourrait le pulvériser cette année. Réponse début 2024, le temps de faire les comptes.
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