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Exotisme vaudois (10/41)Vallorbe se révèle entre prairies, bisons et chemin de fer

Pendant des siècles, l’eau de l’Orbe a alimenté les roues à aubes qui faisaient tourner les nombreuses forges de Vallorbe. Le musée témoigne de cette riche industrie du fer.

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Entre le Musée du fer et les grottes de Vallorbe, le chemin bucolique qui longe la rive sud de l’Orbe, en direction de la Dent de Vaulion, révèle des traces infimes de l’extraordinaire passé de la Cité du Fer. Des scories, déchets sans valeur issus des anciens fours érigés à partir de la fin du XIIIe siècle apparaissent ici ou là, souvent cachées par une végétation luxuriante ou plongées dans la rivière. Si l’on veut véritablement se mettre dans la peau de l’artisan qui façonnait clous, fers à cheval, couteaux et outils multiples, on peut le faire au musée, où une douzaine de forgerons se relaient tous les jours pour initier le visiteur à cet art.

Un art? Pour le sculpteur contemporain, sans doute. Mais à l’époque où la fabrication s’industrialise, c’était un labeur épuisant, comme en témoigne la forge Estoppey. On sent encore les odeurs mêlées du métal et de la suie qui colle aux murs. On s’imagine le bruit, la chaleur, la sueur et la peine des hommes pour suivre la cadence forcenée dans cette atmosphère noire où le feu donnait vie au fer forgé. Vallorbe, c’est l’histoire vivante de cette industrie qui nous emmène aussi dans la nature environnante: au fond des grottes d’où jaillit l’eau, puissante énergie qui actionne les roues à aubes des forges et polit la roche avec harmonie. Plus haut, les forêts – jadis rasées pour le charbon de bois des haut fourneaux – ont repoussé. Mais de belles prairies sauvages sont propices aux randonnées tandis que bisons, ours et loups règnent dans le vaste parc animalier du Mont d'Orzeires. Nous voilà au «Far North» du Pays de Vaud.

Le parc à bisons du Mont d'Orzeires

L’eau, le feu et le fer. Même si la truite est l’emblème officiel de la Commune, elle doit son identité à ces trois symboles avant tout. Un caractère particulier qu’on retrouve aussi bien dans son industrie que dans le chemin de fer où elle a joué un rôle de premier plan. Peu après avoir été reliée au réseau ferroviaire, en 1875, elle se retrouve en effet au centre de la ligne emblématique Paris-Milan, l’une des plus fréquentées en Europe et qui préfigure la ligne Simplon-Orient-Express. L’histoire de Vallorbe s’écrit ainsi dans les pierres de sa gare monumentale, inaugurée en 1915, pendant la Première Guerre mondiale, une fois terminé, à quelques centaines de mètres de là, le percement du tunnel du Mont d’Or.

L’incroyable destin d’une gare

«Vie(s) de gare», la nouvelle exposition du Musée du fer et du chemin de fer (Mufer) – qui présente des photos de ce chantier «pharaonique» dans la gare –, raconte le destin de celle-ci à travers six personnages. Ils sont chacun témoin d’une époque, tel le premier chef de gare, personnage haut en couleur, la reine Alexandra d’Angleterre ou un certain Gandhi: invité pour un meeting politique, il y fit halte en 1931 et rencontra la population au Buffet de la Gare où il but un lait de chèvre…

La gare monumentale de Vallorbe, nœud ferroviaire sur la ligne Paris-Milan, a vu défiler des personnages célèbres et hauts en couleur.

«La destinée de cette gare est assez incroyable, observe Simon Leresche, conservateur du musée. De sixième la plus importante en Suisse en 1939, elle est devenue le lieu le plus sinistre sur terre, selon les mots du chanteur Michel Bühler, quand, autour de l’an 2000, elle est démantelée, ses services désaffectés, alors que dans ses abords immédiats on ouvre le Centre de requérants d’asile.» Aujourd’hui, après restauration du bâtiment voyageurs, classé aux monuments historiques, elle revit un peu avec la réouverture du buffet. L’artiste-peintre et plasticien en vogue Sébastien Mettraux, Vallorbier pur souche, y a également trouvé refuge pour son atelier.

Par curiosité, il vaut la peine de traverser le site et de marcher sur les quais. Lorsqu’on patiente quelques minutes dans le TGV, on ne se représente pas les dimensions de cette infrastructure ferroviaire avec ses longues marquises aux poutres de bois blanches. Elle est aujourd’hui démesurée. On n’y voit plus la mythique loco à vapeur Pacific 231. Mais les bâtiments douaniers qui ont vu défiler tant de voyageurs désirant pénétrer les territoires suisse ou français pour se rendre à Paris ou, à l’opposé, jusqu’à Venise ou Constantinople (Istanbul).

Le parc animalier a les dents longues

Au-dessus de Vallorbe, un autre exotisme nous attend. Cinq ours, dont deux nés il y a deux ans, 18 bisons, deux couples de loups, des alpagas, des cerfs et des chèvres: le parc animalier Juraparc, au Mont d'Orzeires, ne cesse de se peupler. Il est vrai que les naissances se succèdent. Le dynamique et volubile patron du site, Christophe Chappuis, dit avoir encore plein d’idées pour animer le site de 9 hectares. Il se réjouit que ces animaux jouissent de grands espaces à près de 1000 mètres d’altitude en pleine nature.

Dans le parc animalier Juraparc, ours et loups cohabitent comme autrefois sur les crêtes du Jura.

Ours et loups déambulent dans un même enclos, ce qui ne manque pas d’intriguer de nombreux visiteurs. Mais cette cohabitation nous rappelle que les forêts et les prés du Jura étaient autrefois leur territoire commun, où les hommes craignaient de s’aventurer. On apprend d’ailleurs que Mont d'Orzeires signifie tanière à ours…

Au restaurant, on goûte toujours aux spécialités du bison, élevé en plein air toute l’année, puisqu’il ne supporte pas le confinement dans un bâtiment. Une aventure culinaire pas si déroutante que ça, même au pays du pain-fromage. Mais une vraie ambiance country.