Toujours plus de trafic aérien et d’effets néfastes pour la santé et l’environnement

Le nombre de vols d’avions pour 2023 devrait s’approcher du record historique de 2019. Une croissance toujours plus grande qui a des effets sur la santé et l’environnement.

Le trafic aérien européen devrait dépasser le record historique de 2019 en 2026, avec plus de 11 millions de vols annuels.
Le trafic aérien européen devrait dépasser le record historique de 2019 en 2026, avec plus de 11 millions de vols annuels. (©Hervé Pinson / Le Courrier du pays de Retz)
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Les rotations d’avions sont toujours plus nombreuses dans le ciel européen et en France en particulier. Pour l’année 2023, le trafic aérien devrait se rapprocher du record de 2019 avec 10,2 millions de vols. Avec 11,1 millions de vol, 2019 a été l’année où le trafic aérien a été le plus élevé de son histoire

Depuis la pandémie de Covid-19 qui a mis le monde à l’arrêt, l’activité aérienne n’en finit plus d’augmenter. Alors qu’elle était tombée à 5 millions de vols en 2020, elle pourrait frôler les 13 millions en 2029, selon Eurocontrol, organisation européenne pour la sécurité de la navigation aérienne.

À ce rythme, d’après les projections du Shift project (laboratoire d’idée français qui œuvre en faveur du climat), le trafic aérien doublerait tous les dix ans.

L’autorité de contrôle des nuisances aéroportuaires (Acnusa) prédit un été 2023 « encore plus chargé que l’été 2022 ». Dans un communiqué diffusé le 3 avril 2023, elle dit redouter des manquements aux règles environnementales de la part des compagnies aériennes. L’Acnusa craint principalement le non respect des couvre-feux instaurés sur plusieurs aéroports du pays « avec les mêmes conséquences sanitaires et environnementales que durant l’été 2022 ».

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Il avait été constaté de trop nombreux déroutements au cœur de la nuit de Paris-Orly vers l’aéroport Charles-de-Gaulle, de nombreux manquements aux couvre-feux instaurés à Nantes (Loire-Atlantique), Bâle-Mulhouse (Suisse) et Beauvais-Tillé (Oise) et de trop nombreux « vols basculants », c’est-à-dire des vols programmés de jour, mais finalement réalisés la nuit à Toulouse-Blagnac et Bordeaux-Mérignac.

Le bruit est préjudiciable pour la santé

Cette hausse du trafic et ces vols de nuit ont des effets très concrets sur la santé. « Le bruit est le deuxième facteur provoquant le plus de dommages sanitaires en Europe, juste derrière la pollution atmosphérique. Environ 20 % de la population européenne, soit plus de 100 millions d’habitants, sont exposés à des niveaux de bruit préjudiciables à la santé humaine », rappelle l’Acnusa dans son rapport d’activité de 2021.

À Toulouse (Haute-Garonne) par exemple, le collectif contre les nuisances aériennes de l’agglomération toulousaine (CCNAAT) avait constaté des « dépassements inadmissibles » en termes de nuisances sonores du côté du quartier de Purpan, où est implanté l’un des plus grands CHU de France. « Cela signifie que les patients sont soumis à des niveaux de bruit qui ne vont pas dans le sens curatif et perturbent encore plus leur sommeil », indiquait Chantal Beer-Demander, lors de notre précédente enquête consacrée aux nuisances des aéronefs.

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Les riverains de l’aéroport Nantes-Atlantique avaient lancé une pétition pour demander notamment « un moratoire sur l’augmentation du trafic qui dégrade l’environnement et la santé des citoyens en particulier pour les riverains des grands aéroports ». L’aéroport de Nantes a instauré un couvre-feu en avril 2022, entre minuit et six heures. Mais d’autres plateformes aéroportuaires restent ouvertes de jour comme de nuit, comme celles de Toulouse et Lille-Lesquin (Nord). Un problème que subit Pascal. Demeurant à trois kilomètres de l’aéroport de Lesquin, il voit passer les avions à 140 mètres au-dessus de sa tête (jusqu’à 55 par jour). À chaque passage d’aéronef, c’est « un bruit très intense qui dure 30 secondes ».

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Ces activités génèrent aussi pour les riverains des risques cardiovasculaires, de cancers, des infections pulmonaires, des irritations des bronches et oculaires… Tous ces effets sont connus et largement documentés.

Réchauffement climatique

Les conséquences de cette augmentation de trafic sont aussi néfastes pour l’environnement. « L’empreinte par passager est d’environ 100 kilos de CO2 pour mille kilomètres. Un Paris-Tokyo (aller), c’est une tonne de CO2 par passager », alertait auprès d’Enquêtes d’actu Loïc Bonifacio, ingénieur dans les transports, spécialiste aéronautique au sein du collectif Aéro décarbo. La problématique est prégnante également pour les vols court-courriers, comme Toulouse-Paris, le plus fréquenté de l’Union européenne avec plus de 3,2 millions de passagers en 2019. Greenpeace appelle à interdire ces vols courts « dès lors qu’une liaison ferroviaire de moins de six heures existe ».

Une évolution du trafic aérien qui ne va pas dans le sens d’une réduction « rapide, radicale et le plus souvent immédiate » des émissions de gaz à effet de serre comme le préconise le Groupe d’experts sur le climat (Giec). D’après le cabinet B&L evolution, l’activité aérienne serait la cause de 7,3 % de l’empreinte carbone de la France.

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Le Haut conseil pour le climat, dans son rapport publié fin juin 2022, insiste sur le fait qu’il nous faut accélérer sur le « modèle de décarbonation de l’aérien ». En attendant l’avion à hydrogène promis par Airbus pour 2035, les flottes des compagnies aériennes ont commencé à se renouveler avec des avions nouvelle génération permettant de réduire l’empreinte environnementale de leurs appareils. Mais pour les associations environnementales, l’urgence absolue est à la diminution des émissions de CO2 et donc du trafic aérien.

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